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SOCIALISME ET SYNDICALISME DANS LE MOUVEMENT OUVRIER FRANÇAIS - I
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Content:

Socialisme et syndicalisme dans le mouvement ouvrier français - I
Première partie: 1876-1914
Avant-propos
I - Cadre historique et social du mouvement ouvrier français
Un trait dominant du mouvement.
Deux grandes révolutions bourgeoises.
Deux formes de corruption du prolétariat.
Notes
Source


Socialisme et syndicalisme dans le mouvement ouvrier français - I
Première partie: 1876-1914
Avant-propos

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Le mouvement syndical français - ou ce qui en reste dans la centrale qui se réclame impudemment de sa tradition historique - approche de son «heure de vérité»: le moment n'est plus loin où la C.G.T. devra renoncer à ses dernières attitudes d'opposition à la politique du patronat et du gouvernement. Devenue seulement vers 1936 un véritable syndicat de masse, elle n'a jamais été capable de maintenir hauts et fermes les principes fondamentaux du syndicalisme de lutte de classe, mais elle n'avait jamais encore confessé franchement son réformisme contrairement aux Trade-Union anglaises ou aux syndicats allemands. Le moment est venu pour elle de «s'aligner».

Depuis longtemps la vieille C.G.T. de tradition révolutionnaire n'existait plus: elle ne faisait que tenter de se survivre. Depuis la fin de la seconde guerre mondiale, son histoire n'a été qu'un tissu de menaces vaines et d'abandons scandaleux, de «réussites» trompeuses et d'échecs catastrophiques, de réunifications éphémères et de scissions durables. Pendant tout ce temps et toutes ces occasions, elle n'a cessé de perdre et de gaspiller en masse cette énergie prolétarienne de lutte et de révolte, toujours déçue mais toujours renaissante, qui naît de l'exploitation capitaliste et que l'exploitation capitaliste réveille toujours, mais que la traîtrise opportuniste fourvoie toujours en la canalisant vers des buts opposés à ceux du prolétariat révolutionnaire, tels la «restauration de la démocratie», «l'indépendance nationale», la «sauvegarde de la production», «l'expansion», etc.

Si les opportunistes et les renégats qui contrôlent l'actuelle C.G.T. ont pu, en dépit de maintes crises, conserver intacte leur influence sur les ouvriers les plus combatifs, dont le nombre va d'ailleurs en diminuant, cette influence ne pourra pas se maintenir pendant bien longtemps sur la base de cette «opposition» équivoque et superficielle qui est devenue de tradition dans ce syndicat. Depuis le Front Populaire de juin 1936 et, plus encore, depuis la Libération d'août 1944, la C.G.T. ouvrière a cessé d'être une organisation prolétarienne. Politiquement, elle a adopté une plate-forme de défense de la société bourgeoise et adhéré sans réserve à son idéologie. Pratiquement, elle s'est toujours refusée lors des grèves et conflits sociaux parfois violents qui se sont déroulés depuis la guerre, à déclencher de vraies batailles avec les moyens propres au prolétariat. Pourtant elle n'avait jamais encore avoué expressément, comme elle est en train de le faire depuis deux ou trois congrès, que pour conserver ses adhérents il lui fallait pratiquer la plus basse collaboration de classe à tous les échelons de son activité et dans les formes les moins équivoques.

La liquidation du parlementarisme traditionnel, c'est-à-dire l'éviction de la petite-bourgeoisie comme facteur de jeu parlementaire, l'essor vertigineux du productivisme, les diverses conséquences de la guerre d'Algérie sont sans aucun doute à l'origine de cette évolution, mais ils n'ont fait que précipiter et accentuer le processus souterrain qui depuis des années minait déjà la grande centrale opportuniste. Depuis la fin de la guerre, la C.G.T. allait accumulant et multipliant les compromis et les abandons qui devaient priver les travailleurs de leurs ultimes possibilités de résistance aux exigences draconiennes de l'exploitation. Lier le sort des travailleurs à l'expansion de la production nationale, c'était les lier eux-mêmes à leurs entreprises. Dès lors comment auraient-ils pu «prendre leur part» (!) de la trompeuse «prospérité» bourgeoise, sinon en se résignant aux formes jadis les plus haïes de l'exploitation capitaliste: travail aux pièces, heures supplémentaires, salaire au rendement, etc., qui augmentent les «rentrées» de l'ouvrier sans diminuer le profit de la sacro-sainte entreprise? Tout cela n'empêcha d'ailleurs pas les ouvriers de tomber dans le piège du crédit qui, pour un peu de confort douteux, leur met au cou le carcan certain des traites à échéance et aggrave encore leur dépendance à l'égard de l'employeur. Leur combativité, et bien entendu leur unité ainsi ruinées, la C.G.T., responsable en fait de cette ruine, put se plaindre qu'elle était dans l'impossibilité de défendre les conditions de travail des ouvriers par la faute des ouvriers. Ces plaintes sont au fond tout ce qui l'ont distinguée des autres centrales, ouvertement conformistes. Si elle a signé des accords d'entreprise interdisant les grèves pour toute une année, c'est «parce qu'elle y a été obligée»: pardi! A t'elle été également «obligée» de réclamer sa propre participation aux discussions sur l'«intéressement» des ouvriers, dont elle continue platoniquement à condamner le principe? Il lui faut maintenant, pour conserver quelques lecteurs à sa presse syndicale, s'aligner sur l'abjecte propagande bourgeoise qui endort les travailleurs en leur faisant miroiter les progrès de la technique, le luxe à la portée de toutes les bourses, les vacances populaires, la mode et le sport. Tous ces détails caractéristiques même s'ils paraissent de simples détails démontrent que le masque d'intransigeance de la C.G.T. est près de tomber, qu'elle va être obligée de renoncer jusqu'à cette hostilité de façade contre le patronat et le gouvernement qui lui servait à dissimuler sa collaboration de classe effective.

Cette déchéance, si elle a pour résultat immédiat et brutal de décourager et de rejeter dans l'inaction ceux qui conservaient quelque foi dans la valeur combative de la C.G.T., a aussi son aspect positif. Accentuant aujourd'hui la division et l'impuissance des ouvriers, elle rendra pourtant plus difficile, lors de la reprise générale de la lutte prolétarienne, les diversions et le sabotage que les dirigeants syndicaux ont jusqu'ici réussis avec une facilité déconcertante. Plus l'appareil syndical se bureaucratise et se sépare de la base ouvrière, plus les manœuvres dilatoires de ses dirigeants sont malaisées et plus grandes sont les chances d'une radicalisation des mouvements. La possibilité d'une orientation de classe des luttes à venir suppose cependant une condition qui est loin d'être remplie: la formation d'éléments solidement imprégnés des principes fondamentaux de l'action prolétarienne, la présence du parti de classe - fût-il encore à l'état embryonnaire - dans toutes les agitations. Pour en arriver là un effort énorme est nécessaire, d'autant plus difficile à accomplir que la jeune génération politique est particulièrement in avertie des expériences passées. C'est précisément pour combler cette lacune que nous avons entrepris le raccourci historique qu'on va lire.

Que notre but soit bien clair. Nous ne «découvrirons» rien; nous ne «révèlerons» rien, contrairement à tous ces «réhabilitateurs» aujourd'hui fort prisés, même par la presse bourgeoise. Nous chercherons seulement à attirer l'attention des lecteurs (et particulièrement des jeunes) sur les points les moins compris sinon les moins connus de l'histoire du mouvement syndical, sans autre prétention que de reconfirmer les principes que le marxisme a tirés de toute l'histoire et de toutes les formes de lutte de la classe ouvrière. Plus particulièrement, contre le préjugé profondément enraciné en France, et qui veut que le syndicat soit une forme plus apte que le parti à défendre les intérêts ouvriers et à conduire le prolétariat à la victoire, nous voulons prouver historiquement que s'il est arrivé une seule fois dans l'histoire que les principes de la lutte de classe intransigeante soient défendus par une organisation autre que l'organisation politique du prolétariat, il n'est pas un cas où ce dernier soit sorti d'une période de dépression et de reflux en se passant des principes et de la vision programmatique révolutionnaire qui sont l'apanage exclusif du parti.

Dans ce pays où, pour diverses raisons historiques, il n'a jamais existé de grand parti du nom de marxiste (carence fatale pour le prolétariat non seulement français mais international), les contrastes sociaux n'en ont pas moins été aigus, nous laissant des expériences riches d'enseignements. Après le triomphe définitif des formes politiques bourgeoises, l'expansion du capitalisme aux dépens des modes antérieurs de production devait fatalement déterminer d'amples luttes sociales; celles-ci n'ont cependant pas été encadrées par une organisation marxiste mais par le syndicalisme révolutionnaire, né au sein des organisations syndicales, mais marqué par une idéologie qui mieux que le marxisme répondait aux traditions de pensée de la France ex-«révolutionnaire» et longtemps petite-bourgeoise. L'orientation qu'a prise dès le départ le mouvement ouvrier français a eu pour effet de retarder l'implantation du marxisme en son sein; c'est pourquoi son histoire met dans un relief particulier toutes les lacunes du syndicalisme et des idéologies qui en relèvent directement ou non. En effet, si durant deux décennies au moins les représentants de l'école syndicaliste ont détenu le monopole de toute l'énergie ouvrière existante, ils ont démontré par leur chute dans la collaboration de classe à l'éclatement de la guerre de 1914, ne pas avoir été mieux armés contre la corruption du système bourgeois que les hommes politiques qui, eux, y avaient succombé par opportunisme électoral. Ce fait suffit à réfuter définitivement la fable puérile de la «supériorité» du syndicat sur le parti en tant qu'expression du prolétariat. Il prouve en outre que le maintien d'un programme et d'une attitude révolutionnaires jusque dans les époques de réaction n'est pas simplement une question d'organisation

Lorsque éclata la guerre impérialiste, les hommes de syndicat comme ceux de parti tombèrent avec ensemble dans la collaboration de classe: voilà ce que nous enseigne la première partie de notre historique syndical. Quand, sur tous les fronts de la lutte, la classe ouvrière est battue, ce sont toutes ses organisations qui passent sous le contrôle direct ou indirect des agents du capitalisme. Mais ce que nous enseignera la seconde partie, c'est que, de cette situation de défaite, le parti seul, à l'exclusion de tout autre type de groupement, peut tirer le prolétariat. La troisième partie de l'histoire du syndicat qui n'est pas encore conclue dans les faits, n'est pas non plus maigre d'enseignements à ce propos. Après la seconde vague opportuniste qui emporta l'Internationale de Moscou et ses divers partis comme la première avait emporté la Seconde Internationale, non seulement la déviation syndicaliste a dévoyé les rares énergies révolutionnaires survivant à la débâcle et ainsi retardé considérablement le regroupement de l'avant-garde ouvrière, mais encore des tendances authentiquement politiques et issues du mouvement communiste et prolétarien (le trotskisme par exemple, ou encore la tendance des «communistes de conseils») ont perdu, en voulant agir à tout prix sur le terrain limité que s'assigne tout syndicalisme doctrinal, la tradition révolutionnaire qu'elles avaient recueillie de la bouche même des victimes de la contre-révolution stalinienne. Dès lors que des tendances et des mouvements se réclamant du marxisme veulent conjurer la débâcle de toute la classe ouvrière en se confirmant dans le cadre étriqué des entreprises, dès lors qu'ils escomptent découvrir la voie de la reprise sociale par la pratique routinière des revendications immédiates et en invoquant le mythe de la «conscience spontanée» de classe, dès lors qu'ils s'essayent à accroître leur propre force numérique dérisoire par des regroupements hybrides à mi-distance entre le parti et le syndicat, ils se perdent eux-mêmes en tant qu'éléments de tradition et de continuité révolutionnaires, car ils abandonnent irrémédiablement le terrain politique qui est celui de la révolution sociale, pour se cantonner sur le terrain économique qui est celui de la société en vigueur et où le prolétariat ne peut donc qu'aménager son esclavage, non s'en libérer.

Voilà donc la grande leçon qui nous reste de la longue période de confusion et d'impuissance dont nous commençons à peine à entrevoir l'issue: la lutte du prolétariat, sous toutes ses formes, ne peut être qu'une lutte politique à plus ou moins brève échéance: une telle lutte vise à la prise du pouvoir, à la disposition par le prolétariat de la totalité des moyens de production. C'est par cette voie et par cette voie seule que la classe ouvrière peut non seulement s'affranchir de la servitude salariée, mais affranchir la société tout entière des lois meurtrières et infâmes de l'économie mercantile. Quand le prolétariat est lancé dans cette voie, qui est sa véritable voie de classe, il n'y a pas de problèmes distincts qui intéresseraient, les uns l'activité syndicale, les autres l'activité politique; il n'y a pas d'opposition de buts et de moyens entre le syndicat de classe et le parti de classe. Si la divergence survient, si les deux organismes se combattent, c'est un indice de reflux ou de stagnation de la lutte prolétarienne, c'est la preuve qu'une partie de la classe ouvrière demeure ou passe sous l'influence de la bourgeoisie capitaliste, c'est que l'un des deux organismes est devenu l'auxiliaire de la bourgeoisie auprès des travailleurs. Dans le camp de la trahison, on a vu souvent le parti car aucune forme d'organisation prolétarienne ne peut être totalement imperméable aux influences ennemies. Mais chaque fois le syndicat l'a suivi (s'il ne l'avait pas précédé) dans cette évolution fatale et d'une façon d'autant plus néfaste et honteuse qu'elle se dissimulait sous le masque de l'autonomie formelle du syndicat ouvrier à l'égard non seulement du gouvernement, mais de tout parti, le parti n'étant jamais composé de «seuls travailleurs».

Par nature, l'activité syndicale tend à s'enfermer dans des revendications limitées à certains secteurs de la production, à certaines catégories de salariés, chaque syndicat de métier se préoccupant des membres de sa profession, chaque union locale s'intéressant en priorité à sa région. Sur cette base, la classe ouvrière ne peut maintenir une unité de classe; dans le cadre limité de la profession ou de la localité, c'est le capitalisme qui dicte aux ouvriers leur propre comportement, qui est concurrence et auto-destruction de leur force collective; ou alors il faut qu'un grand nombre de travailleurs adhère au même but politique révolutionnaire, en d'autres termes que vive le parti de classe.

C'est pourquoi, lorsqu'il s'agit, comme dans la situation présente, de reconstruire et le syndicat et le parti, on ne saurait admettre la moindre distinction de nature entre revendication «économique» et revendication politique. Toute lutte, même la plus élémentaire et la plus limitée, doit concourir au renforcement du prolétariat et à sa réorganisation en vue de sa mission politique de révolution. Toute lutte doit en premier lieu permettre aux ouvriers de surmonter la concurrence à laquelle le capitalisme les pousse nécessairement et que la trahison opportuniste ne fait qu'exacerber. Si la fonction essentielle du syndicat comme organisme de la classe ouvrière est de combattre cette concurrence et d'en dénoncer les effets désastreux, a fortiori le syndicat ne peut-il, sans perdre son caractère de classe, l'encourager. Or c'est ce que font tous les syndicats sans exception aujourd'hui, depuis les syndicats chrétiens jusqu'à la C.G.T. en passant par la visqueuse Force Ouvrière.

On comprend aisément que lorsque les alliés du capitalisme sont parvenus à monopoliser la direction des syndicats, grâce en particulier aux liens puissants qui lient les travailleurs non révolutionnaires à la prospérité bourgeoise, les syndicats ne peuvent redevenir des organisations de classe par la seule spontanéité des syndiqués, divisés et découragés; il faut pour cela la lutte longue et persévérante d'une avant-garde organisée et consciente. Toute l'histoire que nous allons ici retracer démontre qu'en dehors du programme historique du prolétariat et de l'expérience des luttes qu'il a déjà mené pour sa réalisation il n'y a pas de «conscience prolétarienne».

I - Cadre historique et social du mouvement ouvrier français
Un trait dominant du mouvement

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L'histoire du mouvement syndical en France peut être divisée en trois phases. La première occupe la période qui s'étend de 1876 à la guerre mondiale de 1914. La seconde dure de 1914 jusqu'aux lendemains du second conflit impérialiste de 1939-45. La dernière enfin s'achève avec l'avènement du gaullisme et la guerre d'Algérie.

La première époque est essentiellement marquée par l'échec du syndicalisme révolutionnaire dans sa tentative de suppléer le mouvement socialiste embourbé dans la collaboration de classe et le parlementarisme à la tête des luttes ouvrières. Les syndicalistes, en dépit de leurs intentions révolutionnaires, étaient aussi conformistes dans le but que les socialistes l'étaient dans leurs moyens d'action et c'est pourquoi, pas davantage que ces derniers, ils ne pouvaient résister à la débâcle politique lors de l'éclatement de la guerre impérialiste.

La seconde période témoigne d'un effort révolutionnaire tout aussi infructueux, celui qui fut entrepris cette fois par le jeune parti communiste français, en vue de mobiliser toutes les forces vives du mouvement syndical dans la perspective tracée par la Troisième Internationale. Échouant dans leur tentative d'arracher les masses à l'influence des dirigeants réformistes, les communistes, que quelques transfuges du syndicalisme révolutionnaire avaient rejoints, laissèrent s'accomplir la scission syndicale de 1921 qui isola des ouvriers les militants les plus actifs; puis, quelques années plus tard, ils refirent l'unité avec les traîtres de la seconde internationale et leurs acolytes syndicaux, la grande unité de honte de 1936 qui prépara l'embrigadement du prolétariat international dans la seconde guerre impérialiste.

La dernière phase est l'aboutissement logique de cette succession d'échecs; c'est la phase de la trahison totale et générale de toutes les tendances politiques ou syndicales du mouvement ouvrier, de leur passage déclaré au service du capitalisme, du contrôle direct ou indirect de l'État bourgeois sur toutes les organisations syndicales, de la défaite des ouvriers jusque dans leurs dernières tentatives de résister à l'exploitation. Dans cette phase, la division du mouvement syndical ne se fait plus entre révolutionnaires et réformistes, mais entre divers complices syndicaux du capitalisme. En fonction de sa clientèle propre, chaque centrale participe à sa façon au sabotage général de la lutte ouvrière, et toutes, de la C.G.T. à F.O. et à la C.F.T.C., elles se rangent délibérément sous le drapeau de la bourgeoisie: intérêt supérieur de la production et grandeur française. Au-delà de cette phase, qui est loin d'être terminé, perce pourtant la possibilité d'une reprise prolétarienne dans laquelle le syndicat pourra retrouver sa fonction de lutte de classe: la crise qui mûrit au sein de la société bourgeoise décadente doit en effet non seulement entraîner dans sa chute les partis capitalistes, ses suppôts traditionnels, et les opportunistes aujourd'hui placés à la tête des syndicats, mais ressusciter le parti révolutionnaire, sans lequel toute cette pourriture saura encore se survivre longtemps.

L'étude de ces trois phases du mouvement syndical met en évidence une caractéristique frappante du mouvement ouvrier français: c'est la réapparition constante, après des phases plus ou moins longues de diffusion plus ou moins efficace des positions révolutionnaires, de l'influence idéologique de la petite-bourgeoisie au sein des organisations de travailleurs. Le prolétariat français, comme classe révolutionnaire, a été littéralement décapité par l'écrasement de la Commune et pareille épreuve ne pouvait pas ne pas lui laisser une empreinte indélébile. S'il faut de longues décennies de luttes et de propagande pour arracher le mouvement ouvrier à sa gangue originelle d'idéologies petites-bourgeoises, il suffit d'une seule bataille perdue pour en compromettre tous les résultats. Quand cette bataille survient avant que ce travail de préparation ait été achevé - voire même tant soit peu avancé, comme ce fut le cas pour l'héroïque prolétariat parisien - les conséquences de la défaite n'en sont que plus lourdes.

Dans ses formes élémentaires et immédiates, la lutte ouvrière se développe à l'intérieur du cadre juridique et social de l'exploitation capitaliste. Elle exprime, le plus souvent avec violence, la révolte des travailleurs contre la situation dans laquelle elle les enferme, mais elle ne les détache que passagèrement d'un système de valeurs auquel ils sont liés, par des liens non seulement économiques, mais idéologiques et moraux. Ces liens, la lutte journalière peut momentanément les affaiblir, mais seule l'organisation politique de classe peut véritablement les combattre. Possédant la vision d'autres rapports de production que ceux de l'exploitation de la force de travail, elle s'est déjà émancipée de leurs effets politiques et moraux et peut donc dans des circonstances favorables en émanciper aussi de façon plus ou moins large et durable, le reste de la classe ouvrière. Mais si cette organisation est détruite, ses militants fusillés ou déportés, ses adhérents dispersés par la répression, il est fatal que l'emprise ennemie se rétablisse plus vigoureusement encore.

En France, plus que partout ailleurs, l'idéologie qui enchaîne le prolétariat au capitalisme, c'est le culte de la démocratie. Des premiers flottements politiques du Parti Ouvrier de 1880 aux saturnales belliqueuses de 1914 et 1939, pas un reniement, pas un abandon qui ne s'y soit accompli sans célébrer la démocratie, la démocratie à conquérir, la démocratie à défendre... ou à «rénover». Au début de leur histoire, les ouvriers se heurtaient journellement au cadre légal de la démocratie et finissaient par se dresser contre elle les armes à la main, mais sans le savoir. Par la suite, grâce à l'expérience, à la critique et à la diffusion des principes socialistes, ils prirent conscience de cette équation capitale: démocratie = capitalisme, misère et exploitation. Mais ce progrès considérable fut sans cesse remis en cause par les échecs et la stagnation de la lutte sociale. Tout reflux de l'agitation révolutionnaire réintroduisait en effet dans les fractions avancées de la classe ouvrière les revendications de «liberté» et de «justice» dont la lutte précédente avait pourtant démasqué le contenu d'esclavage et d'oppression.

Pour toute la période qui s'étend de 1830 à 1871, cette règle ne trouve pas d'exception, comme il est compréhensible puisqu'il a fallu un demi-siècle à la bourgeoisie française pour conquérir sa forme propre de gouvernement, et qu'elle ne l'a conquise qu'avec l'aide du prolétariat, toujours sollicité, toujours massacré dès le premier avantage militaire acquis sur la monarchie. Mais comment expliquer que lorsque tout mobile historique d'alliance entre prolétariat et bourgeoisie eût disparu avec la stabilisation définitive de la démocratie capitaliste, le parti prolétarien solidement constitué quelques années après la Commune et, cette fois, solidement campé sur la base du marxisme, ait à nouveau, par la suite, succombé au préjugé démocratique et, ce coup-ci, sans lutte et sans répression? C'est ici qu'un examen plus serré de la société française et de son historique contemporaine apparaît nécessaire.

La faiblesse théorique qui devait conduire le Parti Ouvrier français a la collaboration de classe de la première guerre mondiale ne relève sans doute pas de raisons exclusivement nationales puisque la même déchéance attendait presque toutes les sections de l'Internationale Socialiste. Une défaite historique du prolétariat moderne n'est jamais un phénomène purement national, mais il n'en est pas moins vrai que les signes avant-coureurs de la faillite de la Seconde Internationale se sont manifestés d'abord en France, que la trahison bellico-patriotarde s'y est affirmée d'une façon plus totale que dans les autres pays, et que, quand en 1939-45 le mouvement communiste succomba à son tour à la deuxième union sacrée, ce fut encore en France qu'elle commença, ce fut encore le parti «communiste» français qui en donna le ton, battant tous les records de l'abjection chauvine.

Quand les principes internationalistes ne sont pas plus solidement ancrés dans la classe ouvrière d'un pays, quand la déroute idéologique y reprend toujours les mêmes thèmes et s'y habille des mêmes formules aussi surannées qu'odieuses, une explication historique devient nécessaire. Dans le cas de la France, elle devra montrer pourquoi et comment la révolution bourgeoise a dû, pour abattre le féodalisme, faire appel à une classe destinée à devenir son pire adversaire: le prolétariat. À la suite de cette coalition éphémère entre bourgeoisie et prolétariat embryonnaire, l'antagonisme éclata à plusieurs reprises. Explosion nécessaire, eu égard au «niveau historique» général de développement de la société moderne, précieuse en ce qui concerne la formulation définitive du programme historique du prolétariat international, mais trop précoce pour ce qui regardait l'état qualitatif et quantitatif des forces de la classe ouvrière française et qui, chaque fois, devait donc se conclure par une défaite totale de cette dernière.

Formé dans une société au passé rempli de luttes politiques, le prolétariat français s'est donc épuisé dans des révoltes sanglantes en vue d'abolir le capitalisme avant que le développement de ce capitalisme lui en ait fourni la force. S'il a ainsi écrit les premières pages glorieuses du mouvement qui devait conduire à la victoire prolétarienne de l'Octobre russe, s'il a tracé avec son sang les lignes immuables du programme révolutionnaire de sa classe, il y a perdu une énergie historique qu'il ne devait plus jamais reconquérir, même quand l'industrialisation capitaliste fut venue grossir ses rangs de centaines de milliers d'hommes, et qu'il eut assimilé les principes fondamentaux du socialisme moderne.

Deux grandes révolutions bourgeoises
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Une classe ouvrière donnant l'exemple de la lutte révolutionnaire la plus radicale avant même d'être arrivée à son plein épanouissement dans le cadre national; un prolétariat livrant le premier assaut historique au capitalisme dans un pays où le capitalisme n'avait pas encore atteint son maximum d'expansion; telles sont les contradictions qui expliquent toute l'évolution ultérieure du mouvement ouvrier français (et en particulier ses caractères originaux sur le plan syndical) et qui se comprennent mieux à la lumière d'une comparaison entre les révolutions bourgeoises française et anglaise.

En Angleterre, la bourgeoisie fit sa révolution avec ses seules forces de classe. Elle sut combiner toutes les méthodes d'accumulation primitive, exproprier brutalement la paysannerie, s'incorporer la nouvelle noblesse, réformer la religion et spolier l'Église. C'est pourquoi quand le prolétariat se manifesta, ce fut immédiatement comme classe opprimée et opposée à l'État bourgeois, et non pas comme allié de la bourgeoisie révolutionnaire ainsi qu'en France.

En France, où la bourgeoisie manufacturière n'était que faiblement développée, où, longtemps abritée à l'ombre protectrice de la monarchie, elle s'était montrée impuissante contre les corporations et complice de la propriété foncière, la révolution bourgeoise fut essentiellement l'œuvre de la petite bourgeoisie appuyée par le prolétariat naissant; pour «l'exporter» à travers l'Europe, le premier Bonaparte sollicita en outre la paysannerie. C'est pourquoi jusqu'à son achèvement tardif et laborieux, on assista à des périodes plus ou moins longues de coalition entre petite-bourgeoisie et prolétariat, qui laissèrent une durable empreinte jacobine sur les partis et groupements ouvriers, et qui s'expliquent finalement par le fait que la révolution française fut relativement tardive.

En Angleterre la classe ouvrière n'intervint pas avant le plein développement des formes capitalistes; en France elle fut un artisan de la lutte politique qui assura leur triomphe. En Angleterre le capital modela d'emblée la structure sociale à l'image de ses intérêts (1); en France la bourgeoisie eut besoin de tout un siècle pour diriger son propre État et, avant d'y parvenir, elle dut subir l'intervention, sur la scène politique, de toutes les classes de la société: bourgeois et propriétaires fonciers en 1830, prolétaires en 1848, paysans ralliés aux aigles fanés du second Bonaparte en 1851, prolétaires encore dans la glorieuse Commune de 1871. Mais pendant toute cette période la petite-bourgeoisie fut toujours présente. Rarement héroïque mais toujours bruyante; éloquente mais lâche, oscillant sans cesse entre le capital et le prolétariat, elle conquit à sa façon sa participation au pouvoir en investissant progressivement les assises du capitalisme, en se casant au Parlement, en s'infiltrant dans l'administration, pour finalement, lorsque la forme républicaine de gouvernement fut établie sans retour, se hisser jusqu'au timon de l'État, qu'elle tint en main pendant plus de cinquante ans au service du capital.

Ce rôle considérable de la petite-bourgeoisie dans l'histoire du capitalisme français doit être expliqué, car c'est lui qui a fait le plus puissamment obstacle au triomphe du marxisme en France et déterminé la maladie endémique des organisations politiques et syndicales du prolétariat français. On connaît déjà ses origines, mais la durée de son influence pernicieuse ne peut s'expliquer uniquement par le passé révolutionnaire. Si on comprend que celui-ci ait facilité l'influence de la petite-bourgeoisie sur la classe ouvrière, on ne comprend pas que cette influence n'ait cessé de s'accroître pendant plus de cinquante ans, au sein de la société bourgeoise tout entière, des partis, de l'administration, de l'État. A cela il doit y avoir des raisons économiques.

Ces raisons résident dans les formes parasitaires du capitalisme français. Par suite des vicissitudes internationales et de l'inégal développement des ressources énergétiques du pays, le capital financier se développa bien plus vite en France que le capital industriel. Cela a eu en politique deux conséquences qui ont longtemps masqué aux contemporains la signification véritable des luttes qu'ils menaient. À cause de la faiblesse relative du capital industriel, la bourgeoisie française parvint très tard à une unité de classe (2).

Longtemps partagée entre deux et même trois fractions royalistes, elle finit par adopter la république uniquement par peur du prolétariat, sans pouvoir cependant conjurer le spectre de la république sociale incarnée dans la brève Commune de 1871. Même après l'écrasement de celle-ci, elle continua à bouder la forme républicaine dont la nécessité et l'efficacité faisaient cependant de moins en moins de doute. La petite-bourgeoisie, au contraire, s'en montra très vite partisan résolu parce qu'elle en attendait une importance politique que la monarchie lui avait presque toujours refusée, et que par «démocratie» elle entendait précisément sa propre importance. Cela ne l'empêcha pas de tirer parti de son républicanisme comme d'une position anti-bourgeoise auprès du prolétariat, lui insufflant sa propre crainte d'une réaction «monarchique» qui menaçait bien davantage ses intérêts à elle que ceux des ouvriers.

Dans ces querelles de surface de la bourgeoisie, il ne pouvait s'agir pourtant d'un retour à des formes pré-capitalistes et les bagarres... parlementaires entre républicains et réactionnaires ne servaient qu'à masquer un phénomène plus profond: la promotion de la petite bourgeoisie comme instrument du capital financier. Dans cette fonction, la petite bourgeoisie était irremplaçable. Il fallait créer les conditions les plus favorables à l'accumulation du capital, c'est-à-dire entretenir la confiance des petits épargnants, garantir aux «bas-de-laine» de la campagne la paix sociale contre les «partageux», neutraliser le prolétariat en utilisant l'argument irrésistible de la «menace de la réaction» et de la nécessité de «l'unité autour de la République», besognes dans lesquelles les jacobins en pantoufles et les héritiers dégénérés de la grande «Montagne» de 1793 excellaient. Parvenus à la direction de l'État, ils surent d'ailleurs joindre à ces talents la corruption des cadres syndicaux, la provocation à l'égard des ouvriers et l'utilisation désinvolte de l'armée contre les grévistes de la ville et des champs.

Indispensable donc pour drainer l'épargne dans les coffres du grand capital et pour créer le climat politique propice aux placements lucratifs et aux spéculations, la petite bourgeoisie ne l'était pas moins pour décourager les luttes ouvrières et détourner le prolétariat de ses objectifs de classe. Ceci explique déjà en grande partie pourquoi le mouvement ouvrier, pris dans le grand jeu de la «défense républicaine» a pu se laisser surprendre, contaminer et pourrir par les divers émissaires de la petite bourgeoisie.

Deux formes de corruption du prolétariat
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Il est un autre facteur d'importance historique qui consolida cette influence et lui permit de se perpétuer jusqu'à nos jours: c'est l'impérialisme et la conquête des colonies. On ne souligne pas assez, en général, que 1880, date de la constitution des organisations ouvrières de masse, fut aussi celle où le capital financier suffisamment concentré entreprit sa campagne d'expansion mondiale en commençant, à la pointe des baïonnettes, le pillage systématique de l'Asie et de l'Afrique. En même temps qu'il augmentait la puissance du capital financier, le produit de ses rapines assurait à la petite-bourgeoisie, qu'elle fût rentière, administrative ou parlementaire, une part appréciable des profits, et en outre des alliés indéfectibles dans les couches supérieures du prolétariat, grâce à la corruption que des miettes de ces profits rendait possible.

Si cette corruption d'éléments issus de la classe laborieuse eut, en fin de compte, les mêmes résultats que la corruption «à l'anglaise», elle n'en revêtit pas moins des formes différentes. En Angleterre, l'exploitation coloniale avait assuré à la bourgeoisie une paix sociale sans fissure. En France, elle ne put empêcher des luttes de classes provoquées par l'industrialisation plus récente et qui ne cessèrent pas tout au long de la Troisième République. Depuis longtemps déjà, depuis la faillite du Chartisme, le mouvement ouvrier anglais s'était orienté vers une politique réformiste. Sur le continent (et en particulier en France), le réformisme mit un demi-siècle encore à triompher, précisément en raison du retard de l'industrie européenne sur l'industrie anglaise. Délaissant l'industrialisation du pays pour des spéculations à l'extérieur, le capitalisme français entretenait l'anachronisme social du pays, c'est-à-dire la prédominance numérique de la paysannerie sur les classes urbaines, de la petite-bourgeoisie sur le prolétariat industriel, des rentiers sur les entrepreneurs. En Angleterre, le prolétariat étouffait sous le poids de la prospérité capitaliste. En France, il ne parvenait pas à s'organiser en dépit de trois décennies de luttes épuisantes à cause du poids de l'archaïsme social.

Les influences combinées de tous ces facteurs agirent de façon à rendre très difficile la formation d'un véritable grand parti prolétarien. La puissance du capital financier entretenait des formes de parasitisme social qui constituaient, en même temps qu'une source permanente de corruption idéologique des diverses couches ouvrières, un obstacle énorme à la formation d'un vaste prolétariat industriel. L'importance de la petite-bourgeoisie et son rôle politique étaient tels qu'ils eurent finalement raison des principes intransigeants du noyau marxiste du socialisme français. L'existence de mille petits métiers, la dispersion des ouvriers dans une multitude d'entreprises rendaient impossible la formation de vastes organisations syndicales et laissèrent, en fin de compte, la direction des syndicats existants aux tendances issues de l'Anarchisme. Face à ces tendances, enfin, le parti marxiste perdit très tôt la partie, renforçant les éléments sains du mouvement dans leurs préjugés anti-politiques alors qu'il aurait dû les regrouper sur une véritable plate-forme de classe.

C'est ainsi que, quand la grande crise de régime du capitalisme éclata avec la guerre impérialiste 1914-18, le prolétariat français fut le seul de tout le continent à ne pas disposer, au sein des vieilles organisations dégénérées, d'une fraction radicale capable de reprendre le flambeau révolutionnaire de la lutte prolétarienne qui figurait dans sa tradition et dont la flamme avait été ravivée par la révolution bolchevique.

Notes:
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  1. Alors qu'en France, encore en 1896, la majorité de la population (70 %) est rurale (et en grande partie liée à la parcelle) et que les 9/10ème de l'industrie sont constitués par de toutes petites entreprises de 3 à 4 ouvriers, en Angleterre, dès 1834, date de la venue au pouvoir de la bourgeoisie, la nouvelle «loi sur les pauvres» supprime l'assistance paroissiale aux indigents valides, exproprie des masses de travailleurs à domicile et de paysans et provoque un afflux extraordinaire de main-d'œuvre dans la grande industrie. [back]
  2. «Sous les Bourbons c'était la grande propriété foncière qui avait régné, avec ses prêtres et ses laquais. Sous les Orléans c'étaient la haute finance, la grande industrie, le grand commerce, c'est-à-dire le capital avec sa suite d'avocats, de professeurs et de beaux parleurs. La royauté légitime n'était que l'expression de la domination héréditaire des seigneurs terriens, de même que la monarchie de Juillet n'était que l'expression politique de la domination usurpée des parvenus bourgeois. Ce qui, par conséquent divisait entre elles les fractions, ce n'était pas de prétendus principes, c'étaient leurs conditions matérielles d'existence, deux espèces différentes de propriété, le vieil antagonisme entre la ville et la campagne, la rivalité entre le capital et la propriété foncière». «... Nous parlons de deux intérêts de la bourgeoisie, car la grande propriété foncière, malgré sa coquetterie féodale et son orgueil de race, s'était complètement embourgeoisée par suite du développement de la société moderne» (K. Marx: «Le dix-huit brumaire de Louis Napoléon Bonaparte»). Dans toute la littérature marxiste il n'est peut-être pas de description plus mordante, plus féroce, plus exacte des grands mouvements de transformation de la jeune société capitaliste. Marx y a décrit l'anatomie de la société française avec un luxe de détails qui n'ont pas seulement le mérite de l'exactitude mais qui ont valeur générale d'anticipation sur tous les événements qui devaient se dérouler jusqu'à la fin du siècle. En expliquant en 1852, comment les deux fractions royalistes de la bourgeoisie française sentaient tout à la fois que la seule forme possible de leur domination était la république et que cette république porterait la lutte de classe à son degré maximum, Marx dénonçait, vingt-cinq ans à l'avance, la bourde monumentale des opportunistes socialistes qui tremblaient à tout instant devant le fantôme de la restauration monarchique. [back]

Source: «Programme Communiste» Nr. 22, Janvier - Mars 1963

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