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CLEF DES CHANGEMENTS DE SCÈNE DES « GRANDS ACTEURS » DE L’HISTOIRE


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Clef des changements de scène des « grands acteurs » de l’histoire
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Clef des changements de scène des « grands acteurs » de l’histoire

En 1924, parmi nous, comme dans le camp d’Agramante, le mot Thermidor se mit à circuler. La révolution russe qui avait eu, et revendiqué par doctrine, la Terreur, pouvait-elle, devait-elle, avoir un Thermidor ?[1]

Au début de l’année, Lénine, malade depuis longtemps, était mort. Parmi nous et dans le camp d’Agramante, beaucoup sinon tous, identifiaient la personne de Lénine à la révolution bolchévique de 1917, à son parti, à sa doctrine. La révolution de Lénine, la doctrine de Lénine, le parti de Lénine.

Il faut beaucoup pardonner aux façons de dire. Comme ceux qui dénigrent et ceux qui louent sans modération, nous aussi, nous nous en seront servi mille fois. Selon les termes cohérents de sa doctrine et de la nôtre, ce n’est pas un homme qui fait une révolution, une théorie ou un parti et qui les marque par son nom. Toutefois, Lénine fut nôtre maître si évident que nous ne pensons pas précisément à lui quand nous écrivons sur les acteurs de l’histoire !

Les jeunes communistes de cette génération virent cependant avec Lénine, et au travail avec lui, et dans le même rapport qu’il avait avec la théorie, le parti et la révolution, de nombreux camarades de Russie. Ils avaient confiance dans le vrai et grand parti des Lénine, Trotski, Radek, Boukharine, Zinoviev, Kamenev et tant, tant d’autres.

Ce n’est pas parce que Lénine était vivant qu’ils crurent ce parti, monolithique et – naïvement – éternel. Et ils travaillèrent, assurés de le rendre mondial.

Mais au Ve Congrès de Moscou, dans l’été 1924 – et non parce que se posait la question idiote : qui prendra la place de Lénine ? – on sut que le parti monolithique était divisé, et que le groupe de camarades, que nous imaginions « interchangeables » à volonté, comme des pièces de la machine à révolutionner le monde, on sut que ce groupe n’était plus on mesure de nous donner une réponse unanime. L’homme le plus représentatif, Léon Trotsky, se taisait depuis le congrès du parti russe; il était absent au congrès mondial.

C’est alors que le mot Thermidor futur se mit à circuler, et parmi les philistins on faisait un ample usage de la phrase toute faite : nous le savions bien, les révolutions dévorent leurs hommes. Pour l’idéologue bourgeois et petit-bourgeois (le pire), ces thèses vont de pair : les révolution sont le fait d’un homme, elles sont engendrées par l’apparition d’un homme. Cette fille se nourrit ensuite de la chair de son géniteur.

Mais jusqu’à présent, un seul avait été dévoré par la révolution : Lénine lui-même, et non dans le sens des Jacobins de la France de 1793 : « il faut guillotiner pour ne pas être guillotinés ». Il avait tant donné de ses qualités exceptionnelles à la cause dont il était un militant, que cette machine merveilleuse brûla trop vite. Ce ne fut pas un Thermidor qui le renversa !

Dans sa vision, notre Terreur, née en Russie, ne serait pas arrêtée par une contre-révolution russe, mais devait gagner à la dictature tous les pays hors de Russie. Nous le croyions avec la même assurance avec laquelle nous réfutions le propos des ennemis et des traîtres : Dictature signifie un Dictateur, et le vôtre est là, sous le nom plus connu : Lénine, le nouveau Tsar !

L’histoire commune considère comme tournant de la révolution française le 27 juillet 1794 (dans le calendrier révolutionnaire : 10 Thermidor de l’An IV), parce que Robespierre, qui jusqu’alors avait mené la Terreur avec le Comité de Salut Public, fut guillotiné ce jour-là par les adversaires de droite, sans que le peuple des sans-culottes se soit levé en armes. La Terreur changera de mains, et la contre-révolution débouchera sur le consulat de Bonaparte et sur l’Empire.

Est-ce que toutes les révolutions doivent avoir une « mise en scène » identique, dirions-nous aujourd’hui ? Et la révolution russe était-elle de la même « espèce » que la révolution française ? Il fallait répondre à ces questions pour prévoir un thermidor Russe.

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Dans le monde en dégénérescence d’aujourd’hui, la saine distinction entre le mode bourgeois de présenter l’histoire et le mode prolétarien va se perdant. Ne passons pas encore au second. Jusqu’à la fin du siècle dernier, pouvons-nous dire, l’opinion commune se demandait encore, ou avait à peine cessé de se demander, si la Révolution française avait été juste ou non; si elle avait bien fait ou non de dresser les piques et les guillotines et de verser tant de sang; si Napoléon l’avait punie, et si les restaurateurs avaient bien fait, s’ils avaient puni Napoléon, ou la révolution ou tous les deux. Peu de chemin a été parcouru depuis plus de la moitié d’un autre siècle, si encore aujourd’hui 90 % des commentateurs sont si empêtrés pour expliquer le sens de la « chute » de Khrouchtchev et pour dire qu’il était un bon compère, ou un dictateur truculent et s’il était à « thermidoriser ». Et s’il le serait par la suite. Ceux qui pensent ainsi seraient à peine excusables, s’ils se déclaraient convaincus que c’est le Père éternel qui règle l’Histoire ou qu’un sens moral inné décide d’elle et on elle. Aujourd’hui, plus d’un demi-siècle écoulé depuis le siècle « éclairé », nous nous trouvons au point cocasse où, si nous prenons un politicien d’extrême-droite et un politicien d’extrême-gauche, nous pourrons les trouver fièrement adversaires, mais en substance, tous les deux finirent par admettre : Dieu ? bon, certainement qu’il décide – la morale universelle ? certes, c’est à sa lumière que se lit l’histoire…

Quoiqu’il en soit, nous avons voulu dire qu’en 1900 (Marx avait parlé et écrit depuis plus d’un demi-siècle) chaque bien-pensant on avait beaucoup à dire avec suffisance : la guillotine ou pas la guillotine; la tête de Capet ou celle de Maximilien; la couronne ou l’arsenic pour Napoléon le Grand, tout est allé pour le mieux, parce que, quelle autre voie existait-il pour avoir la civilisation moderne, les machines, la technique en progrès, la culture, etc., etc…

Alors, le jugement de Dieu, ou bien l’arrêt de l’Histoire, restaient suspendus à propos de la Terreur et de la Dictature, ou tout au moins ne pouvait servir avec certitude à condamner n’importe quelle guerre civile, n’importe quelle dictature.

Ces 64 années sont toutes passées, et une toute autre civilisation a coulé sous les ponts, sous la forme du progrès technique et scientifique; mais, en fait, nous avons reculé de façon effroyable : le bigotisme est cent fois plus grand. Nul ne sait dire si Nikita fut l’objet d’une canaillerie pyramidale, ou s’il était un requin, un tyranneau narcissique digne de recevoir des coups de pied devant tout le monde.

Étant donné que, d’après le lieu commun scolastique, l’histoire est maîtresse de vie, dans le sens banal qu’elle débite des répertoires d’obligation, le philistin de 1924 n’attendait pas seulement le Thermidor russe, mais encore le bonapartisme. La figure d’un Napoléon paraissait belle et toute prête; c’ était celle d’un Trotski, chef de l’armée révolutionnaire qui avait écrasé toute les coalitions, homme riche à foison de toutes les qualités les plus brillantes à la figure resplendissante comme l’aigle dans les tableaux de David parmi les aurores de gloire du 19°. De même, riions-nous tranquillement de cette espèce de pharisiens. L. Trotsky ne cédait pas d’un pouce à W. Lénine dans le respect à l’égard du parti et de sa doctrine, dans l’oubli de toute question de gloire personnelle, et d’abord de la sienne, que pour avoir choisi une autre route, il laissa se dissiper dans un exil désolé, non pas parce qu’une aventure à l’échelle d’un drame historique lui faisait peur, mais par cohérence à l’égard des principes et de la cause de la grande révolution. Ni l’un, ni l’autre, ni tous ceux qui furent dignes de combattre pour les mêmes buts historiques, étaient des acteurs descendus réciter sur les estrades de l’histoire politique, devant un parterre regorgeant de chroniqueurs à gages et de critiques crétinisés.

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Notre parti historique – qui est éternel et ne peut être réduit par des tempêtes et des poses de silence – possède une clef bien différente pour lire les événements humains.

Le déterminisme marxiste montre que le conflit entre les classes, suscité par les facteurs économiques, et la substitution du pouvoir d’une classe par celui d’une autre sont à la base des luttes politiques et de la révolution qui suivent les étapes cruciales de ce conflit. Toute classe révolutionnaire et tout type social de classe élabore sa propre idéologie dans la lutte et au travers des fumées de la bataille, et semble la jeter contre celle de la classe précédente. Si, dans notre vision de l’histoire, chaque révolution a raison, il ne serait par contre pas exact de dire que toute idéologie révolutionnaire est juste et possède une valeur définitive en regard du passé et du futur.

Comme d’habitude nos textes de base parlent et, ici, l’immortelle préface à la Critique de l’Économie Politique de Marx. Si nous voulons parler de révolution « en général », n’oublions pas : « Lorsqu’on considère de tels bouleversements, il faut toujours distinguer entre le bouleversement matériel – qu’on peut constater d’une manière scientifiquement rigoureuse – des conditions de production économiques et les formes juridiques, politiques, religieuses, artistiques ou philosophiques, bref, les formes idéologiques sous lesquelles les hommes prennent conscience de ce conflit et le mènent jusqu’au bout. Pas plus qu’en ne juge un individu sur l’idée qu’il se fait de lui-même, on ne saurait juger une telle époque sur sa conscience de soi; il faut, au contraire, expliquer cette conscience par les contradictions de la vie matérielle, par le conflit qui existe entre les forces productives sociales et les rapports de production. »

Prenons le philistin banal à la fin de 1900. Il est parvenu à voir que la révolution de 1789 devait employer la dictature et la terreur, mais il lui donne ce droit seulement dans la mesure où elle sera la dernière à en user. Parmi ces philistins, n’importe quel Kautsky, n’importe quel social-démocrate de ceux à qui Lénine ôta le droit de bavarder, et donc n’importe quel opportuniste moderne qui souille l’adjectif de léniniste, tombent dans la même erreur de n’avoir pas encore compris ce qu’avait écrit Marx en 1859 (et dire qu’ils se définissent comme ceux qui donnent le dernier mot, qui mettent à jour et qui enrichissent un marxisme dépassé et bon pour le passé, eu égard aux « expériences » ultérieures !). En fait, ils jugent la révolution française selon la conscience qu’elle avait d’elle-même. Par ses théoriciens de la philosophie encyclopédiste et illuministe, et par ses chefs parlementaires, cette révolution proclama avoir réalisé la libération totale de ’homme de l’injustice et du privilège : tout autre progrès serait pacifique et confié à l’arme de la démocratie. Le marxisme, dans sa découverte de la façon dont se lisent les révolutions dans l’histoire, découvrit que la révolution bourgeoise avait érigé une nouvelle classe dominante et une oppression pire que celle de l’antiquité : le salariat. Le passage célèbre conclut « Les rapports bourgeois de production sont la dernière forme antagoniste du processus de production sociale… Avec cette formation sociale s’achève donc la préhistoire de la société humaine ». Marx et Lénine affirmèrent fortement que c’était là la découverte de l’inéluctabilité d’une nouvelle révolution, d’une nouvelle lutte armée et d’une nouvelle dictature dans tous les Pays.

Aujourd’hui, ceux qui se disent être le parti de Lénine, annoncent que sa dictature fut, dans le temps et dans l’espace, la dernière. Que disaient-ils d’autre, les bourgeois pur-sang qui l’accusèrent on hurlant d’être un despote sanguinaire ?

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On peut, selon notre école, essayer de faire un parallèle entre les révolutions de 1789 et de 1917. On pourrait dire qu’elles furent radicalement différentes : celle-ci, première dictature bourgeoise, celle-là, première dictature prolétarienne…

Toutefois, elles provinrent de l’explosion d’un régime identique : la féodalité. La révolution russe fut une révolution double; c’est connu. Mais la bourgeoisie ne détint le pouvoir, pouvoir fragile, que de février à octobre.

Quant à nous, nous n’avons jamais nié de pareilles ressemblances entre les deux révolutions si éloignées l’une de l’autre dans le temps. Dans toutes les deux, trois classes s’affrontent et non deux. Dans des recherches récentes de notre mouvement actuel, nous avons, dans la « question militaire », décrit un prolétariat, tout embryonnaire qu’il fut, en lutte dans la révolution française. Nous en trouvons confirmation dans le marxisme classique. Voyons Engels, dans l’Anti-Dühring. La concordance dans la méthode est totale entre 1859 et 1878. Le naufrage de l’idéologie rationaliste y est décrit, en mentionnant justement Rousseau, à qui Marx et Engels accordèrent une grande estime en tant que dialecticien. « Le Contrat Social de Rousseau avait trouvé sa réalisation à l’époque de la Terreur; et pour y échapper, la bourgeoisie qui avait perdu la foi dans sa propre capacité politique, s’était réfugiée, d’abord dans la corruption du Directoire et, finalement, sous la protection du despotisme napoléonien ». Suit un raccourci puissant sur l’économie sociale bourgeoise, plus cruelle envers les opprimés que l’économie sociale féodale : « les masses non-possédantes de Paris avaient pu, pendant l’ère de la Terreur, conquérir un moment la domination, mais elles n’avaient fait par là que démontrer combien cette domination était impossible dans les conditions d’alors. » Engels félicite le grand utopiste Saint-Simon, autre maître de dialectique innée, pour avoir su concevoir la révolution française « comme une lutte de classes entre la noblesse, la bourgeoisie et les non-possédants, ce qui était en 1802 une découverte des plus géniale ».

Lénine lui-même, dans son travail sur l’extrémisme, reliera aux leçons de la révolution française et aux tâches des masses durant son cours, sa perspective de la révolution russe et mondiale. Quand il souligne l’importance primordiale d’une théorie révolutionnaire valable, il rappelle que la justesse de celle-ci – le marxisme – « fut prouvée par l’expérience mondiale de tout le 19° siècle. »

Dans son idée, la révolution française fut le premier banc d’essai de la dynamique des grandes masses. Il savait bien tout ce qu’Engels avait dit au sujet du prolétariat de Paris sous la Terreur et bien des fois, lui et Trotski l’ont rappelé. Mais qui représentait le prolétariat dans cette saisie fugace du pouvoir ? Était-ce Robespierre lui-même, dans sa lutte contre la droite girondine bourgeoise et petite-bourgeoise ? Et pourtant, la Convention elle-même réprima les mouvements populaires qui précédèrent la conjuration communiste de Babeuf. Ceci explique-t-il la passivité populaire pendant Thermidor ? Certes, Robespierre, dans ses discours impétueux, était arrivé à dire : « Les révolutions qui ont eu lieu dans les trois dernières années ont tout fait pour les autres classes des citoyens, presque rien pour la plus nécessaire, pour les citoyens prolétaires n’ayant d’autres propriété que leur travail. La féodalité a disparu, mais non à leur avantage, puisque dans les campagnes affranchies, ils ne possèdent rien… L’égalité civile a été instituée, mais il leur manque l’instruction et l’éducation… »

Dans une ressemblance évidente avec la Russie du 20° siècle, la France jacobine subissait le fléau des expéditions militaires des puissances étrangères coalisées, parmi lesquelles l’Angleterre bourgeoise, effrayée par un jacobinisme de gauche et prolétaire. Robespierre, dans sa lutte contre les agents étrangers, construisit le grand mythe populaire de la patrie (des patries que toutefois les bourgeois n’ont pas fondée, mais usurpée à la monarchie héréditaire). Réticent tout d’abord à l’égard de toute guerre des peuples, et après la déclaration contre toute guerre de conquête territoriale, il trouva dans la fureur de la défense, le levain de la force de la révolution qui permit d’incroyables victoires contre une foule d’ennemis.

De même, la révolution de Russie conduisit une lutte pareillement féroce et non moins glorieusement victorieuse. Mais sur la grandiose ligne de Lénine, ne surgit pas l’exaltation d’une patrie, fut-elle même prolétaire et rouge. La consigne de Lénine fut et demeura l’Internationale, la guerre civile anti-bourgeoise en Europe et partout.

Toutes les crises que le régime russe a traversées depuis celle de 1924 ne doivent pas être lues comme des changements de la garde et des bouleversements sinistres de palais, ainsi que le conformisme plumitif du monde se plaît à le faire.

La révolution russe, arrêtée en tant que révolution prolétarienne et développée sous un nom mensonger comme révolution bourgeoise, et qui, comme la révolution française, avait utilisé la puissance des masses en armes en formations civiles et militaires, a subi un revers historique plus grave que n’importe quel Thermidor et que n’importe quelle Restauration.

Le marxisme révolutionnaire n’est pas mort et lit encore l’histoire au travers des antagonismes des classes adverses et non au travers des protagonistes qui récitent dans des fauteuils dans les réunions au sommet. L’économie capitaliste, en peu de décennies depuis Waterloo atteignit le monde, et, avant la fin du siècle, la Russie elle-même.

L’économie prolétarienne avait besoin de la dictature européenne et ensuite mondiale. En 1926 on eut le tournant décisif, lorsque Moscou déclara renoncer à la Dictature communiste internationale. Le grand acteur de scène fut Staline et il l’emporta sur des lutteurs généreux : Trotski, Zinoviev, Kamenev, dans une défense désespérée des positions du mort Lénine et de l’immortelle théorie révolutionnaire.

L’histoire des personnes rapporte même comment ils furent diversement assassinés, et comment Boukharine fut digne de leurs fins, lui qui fut le palefrenier de Staline ce jour où, combien peu le disent, Zinoviev et Kamenev, déjà en 1924, avaient jeté l’ostracisme sur le grand champion de l’Internationale, Léon Trotsky.

La révolution française était tombée sans abattre son Mythe, la Patrie, dans lequel Robespierre croyait comme un enfant, autant que dans la Vertu, qu’il identifiait, lui, l’incorruptible des sans-culottes, avec la Terreur elle-même sur les traîtres, sur les vendus.

La volte-face de Staline, c’est comme si Cambronne, au lieu de lancer à la face des vainqueurs son cri légendaire, avait hurlé : la Garde, baissez culottes !

La victoire avait été abandonnée à l’adversaire historique de la Dictature, le Capital d’Occident, qui ne se la laissera pas arracher par les folies napoléoniennes du Moustachu.

Pour les commères de l’histoire, cette clef ne donne pas l’explication des changements de scène entre les Staline, les Beria, les Malenkov, les Khrouchtchev, les Brejnev, et la future bande de marionnettes.

Pour nous, il ne nous on faut pas plus. Tout ce que répète chaque jour plus ouvertement la Pravda de ces derniers temps, est le corollaire d’une prémisse que nous avons lue clairement entre 1924 et 1928.

« État de tout le peuple après la fin de la dictature du prolétariat ». De la merde ! Voilà non pas un synonyme mais un homonyme de la démocratie.

« Intéressement maximum de chacun au rendement du travail ». Voilà le synonyme de la propriété privée dépossédante, aliénation de l’homme.

Nous apprenons ainsi à expliquer la conscience qu’une société a d’elle-même.

« Les communistes ne veulent donc nullement, comme saint Max le croit et comme son fidèle docteur Graziano (Arnold Ruge) le répète après lui (ce pourquoi saint Max, Wigand, l’appelle une ‹tête éminemment ingénieuse et politique›) supprimer l’‹homme privé› par amour de l’homme ‹général›, de l’homme dévoué à une illusion sur laquelle tous deux auraient déjà pu se renseigner suffisamment dans les ‹Deutsch- französische Jahrbücher› (Annales Franco-Allemandes) ».

Marx. L’Idéologie Allemande.

Notes :
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  1. Publié dans « Il Programma Communista » № 23. 1964. [⤒]


Source : « Invariance », numéro 5, janvier mars 1969

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